Billets d'humeur, doux, durs et dingues. Ils compilent coups de coeur, de gueule, de blues, infos, pépites et autres richesses que j'ai envie de partager avec vous. Amoureux de la plume et de tout ce qui la fait glisser, j'essaierai dans ce Frankierama, d'ouvrir une petite fenêtre sur ce qui me fait frissonner, et de changer un peu votre air.
lundi 10 octobre 2011
dimanche 9 octobre 2011
La télé tue
Editorial extrait du journal Le Monde - édition 9 octobre :
La télévision tue, mais il faut bien vivre
Il y a des vérités qui dérangent tant elles remettent en cause nos habitudes de vie. " C'est scientifique : la télévision tue ". Ce titre choc à la " une " du Monde du 8 octobre interpelle et résonne avec le " Fumer tue " inscrit sur les paquets de cigarettes.
Néanmoins, il n'est que le reflet de la littérature scientifique consacrée aux effets du petit écran sur la santé. Obésité, maladies cardio-vasculaires, violence, hyperactivité, retard scolaire, voilà à quoi s'exposent enfants et adultes à force de trop regarder la télévision.
De nombreuses recherches ont été menées, et elles aboutissent toutes à la même conclusion : le petit écran nuit gravement à la santé physique et psychique. La dernière en date calcule même son impact sur l'espérance de vie. Parce qu'elle pousse à la sédentarité, à la prise alimentaire, parce qu'elle perturbe le comportement et le sommeil des enfants, l'utilisation de la télé est devenue insidieusement un enjeu de santé publique.
Faut-il la diaboliser ? Lancer une grande campagne de sensibilisation et de prévention auprès des familles et dans les écoles ? Incruster un message sanitaire du type " A consommer avec modération " avant chaque programme télévisé ? Et qu'est-ce qui est le plus grave : le temps passé ou le contenu de ce qui est visionné ? Selon l'étude Eurodata TV Worldwide-Médiamétrie publiée en septembre, la durée d'écoute ne cesse de progresser. Les Français passent désormais en moyenne 3 h 47 par jour devant leur télévision.
Jamais les enfants n'ont eu accès à un aussi grand nombre de chaînes à toute heure de la journée, jamais ils n'ont été aussi nombreux à disposer d'une télévision dans leur chambre. Les pouvoirs publics viennent de décider de limiter les frites et le ketchup sur les plateaux-repas des élèves, mais que font-ils pour éduquer les jeunes à l'image ?
Certains pédopsychiatres résument très bien la situation : " Les parents s'inquiètent plus de ce que leurs enfants mangent à la cantine que de ce qu'ils regardent sur le petit écran. " A eux de s'en occuper, pourrait-on alors rétorquer. Mais l'argument de la seule responsabilité parentale est un peu court pour appréhender un phénomène de société. L'écran et désormais les écrans ont envahi le quotidien familial. Qui s'en inquiète ?
Quelques écoles, au Canada et en France, ont mené une expérience inédite en proposant à leurs élèves de passer " Dix jours sans écran ". Résultat : la " désintoxication " n'a que du bon. L'atmosphère est plus paisible à la maison, l'humeur des enfants s'améliore, les disputes sont moins nombreuses. Depuis, certains parents ont décidé de ne plus regarder la télévision en mangeant, de jouer plus souvent à des jeux de société et de lire une histoire le soir à leurs enfants.
Il ne s'agit pas d'être intégriste ou radical, mais de susciter la réflexion pour inciter au changement d'habitudes. Car prenons garde au trop-plein de recommandations hygiénistes et à l'émergence d'une société anxiogène où tout devient dangereux et interdit. N'oublions pas que vivre, aussi, finit par tuer.
© Le Monde
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