vendredi 12 mars 2010

Une éducation

Quand Jean-Jacques Schpoliansky, le directeur du Balzac, est venu dans la salle nous présenter "Une éducation", il a insisté sur le plaisir que nous allions prendre. Bien vu Monsieur le Directeur.

C'est ce que j'aime dans ce cinéma indépendant parisien, qui résiste tel un gaulois dans les champs, aussi élysées soient-ils, aux mastodontes sans saveur qui l'entourent, aux banques et autres magasins de marque, espacivores dès qu'il s'agit d'attirer le chaland qui aurait l'idée d'aller là où ça bouge.

Non, il ne cède pas un pouce de terrain à l'avancée capitalo-colonialiste, et continue de cultiver une certaine idée du 7ème art dans ce cinéma ouvert par son grand-père en 1935, et qu'il dirige lui-même depuis 35 ans. Belle éducation...

J'avais lu les excellentes critiques de ce film de Lone Scherfig, et une amie comédienne m'avait crié son bonheur de l'avoir vu, en même temps que ses regrets de n'avoir pas eu un tel rôle à se mettre sous la peau. Confiance aveugle en cette amie, en son sens de l'émotion, et dans la qualité de la programmation de ce cher Balzac, pas assez honoré à mon goût.

J'ai adoré "Une éducation". J'ai dû frissonner mille fois, tomber amoureux le double, et nager longtemps, sans m'en rendre compte, dans le bonheur de l'insouciance, de cette époque, de cette jeunesse, de cette jeune femme. Carey Mulligan. Une révélation, une présence incroyable pour cette fille qui semble aussi fragile que discrète. Mais quel charisme ! Quelle féminité élégante ! Quel charme... J'ai mieux compris sa nomination aux derniers Oscars.

C'est le genre de film qui vous donne envie d'embrasser votre voisine au cinéma (la mienne hier soir avait un rire charmant, si nous avions été en 1964, et moi célibataire, j'aurais peut-être osé l'inviter à prendre le thé...) et qui vous fait même vous poser la question : "pourquoi s'est-elle assise là, à côté de moi, alors qu'il y avait de la place partout ailleurs ?" C'est le genre de film qui multiplie par l'infini toutes les émotions romantiques qui sommeillent en vous, endormies par un siècle sans magie.

Faites-vous plaisir chers coeurs en manque de palpitations, courrez voir cette délicieuse "éducation", et profitez de la fraîcheur de cette histoire, en attendant le printemps, pour revivre tous les vôtres.


Franck Pelé

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