mercredi 26 août 2009

Jacques Audiard, prophète en son pays

C'est complètement personnel mais j'ai l'impression que le fils de qui vous savez, le grand Jacques, noue une profonde histoire d'amour cinématographique avec son public, avec le public, celui des amoureux du cinéma. En dehors de tout réseau médiatique, son talent repousse naturellement toute flatterie ou consensus, parce qu'il n'en a pas besoin pour exister. Parce qu'il propose un art profondément maîtrisé, un art de raconter une histoire, de raconter des personnages, l'art de choisir les acteurs pour les interpréter, et celui de les diriger.

Profondément fan de la plume et de la gouaille de son père, fan aussi de son époque, aux valeurs trop souvent oubliées, j'ai le même respect teint d'admiration pour le talent du fils, que j'ai découvert avec "Regarde les hommes tomber" et que j'ai définitivement placé parmi les grands après avoir vu le génial "Un héros très discret".

Un Prophète est annoncé comme LE film du mois, voire de l'année, il a bouleversé Cannes, qui lui prédisait une Palme avant que Madame Huppert ne décide de faire sa Huppert et de caresser son bourreau autrichien dans le sens du poil, dans une espèce de syndrome de Stockholm sur tapis rouge. Son acteur principal, le jeune Tahar Rahim, a mis une telle claque à tous ceux qui ont vu le film qu'il fallait bien le talent du non moins génial Christoph Waltz pour l'empêcher de décrocher un prix d'interprétation.

Je vais courir découvrir le dernier bijou de Monsieur Audiard, parce que sous le joug de son cadre, de son regard, de sa plume, de battre mon coeur ne cesse de continuer.

Franck Pelé


Je vous laisse avec cet article de Télérama consacré au réalisateur, Audiard, la haute tension, bonne lecture.


Plus de deux ans d'écriture, un acteur inconnu pour héros… Avec "Un prophète", Grand Prix du jury à Cannes, en salles aujourd’hui, Jacques Audiard impose un style qui détonne. Un style inspiré des films américains des 70’s, qui va avec une méthode de travail très particulière.

Le cinéma est un effort violent. « J'y perds des arêtes, confiait Jacques Audiard en 2005. Si je fais un film par an, je devrais disparaître dans les années 2010... » Au moins retarde-t-il l'échéance. Après le succès de De battre mon coeur s'est arrêté, il lui a fallu plus de quatre ans pour venir à bout d'Un prophète. Dont trois dans le confinement d'un étroit bureau, à la lisière des Grands Boulevards. « Au fond de la mine », dit-il. A passer le scénario « au marteau-piqueur », à le cribler de doutes et d'interrogations. « Ça m'affole, dit-il. Qu'est-ce qui fait que ça me prend autant de temps ? J'ai failli abandonner à deux reprises. Je ne veux plus écrire. Je ne veux plus être au début, au milieu, à la fin d'une histoire, mais m'offrir la possibilité d'être surpris. »

L'inquiétude est un moteur puissant et, à 57 ans, Jacques Audiard, Grand Prix du jury à Cannes, ne semble pas aspirer à la sérénité. Après être devenu réali­sateur à reculons (il a réalisé son premier film, Regarde les hommes tomber, à 42 ans), il travaille sous pression. Dans le paysage du cinéma populaire français, il n'en est plus à se faire un prénom. Il veut casser la baraque, repousser les murs, réa­liser « le film d'après » : nouveau héros, nouveaux visages, nouvelles silhouettes, nouvelle langue...

(suite de l'article ici http://www.telerama.fr/cinema/haute-tension,46266.php et critique du film ici http://www.telerama.fr/cinema/films/un-propha-te,389496.php )

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