lundi 28 septembre 2009

Débat sur l'orthographe

Article lu sur Le Post :

"Alors vous, mes z'amis (le temps que j'y pense, arrêtez de me faire remarquer que l'on écrit les amis et pas "les z'amis", mes lacunes ont des limites, comme ma blonditude), l'orthographe et vous, ça donne quoi ?


Alors, selon vous, la fote à qui ?

A quoi ?

La nouvelle génération est-elle trop informatisée ou trop textotée ?

Les bases ne sont pas acquises, mais pourquoi ?

Classes surchargées ou désintérêt ?

La suppression des devoirs à la maison est-elle, selon vous, une cause de ces lacunes ?

Et la suppression des punitions à l'école ?

(oui quand j'étais petite, si l'on faisait une faute, on devait copier 50 fois le mot, ça ne m'a pas beaucoup aidée mais bon, je pose quand même la question)

Êtes-vous pour une simplification de l'orthographe ?

Et pourquoi ?

Le journaliste-écrivain François de Closets déclare dans le Parisien : " Si l’orthographe était éliminatoire au bac, on aurait seulement 30 ou 40 % de réussite !".

Êtes-vous d'accord ?



Ma réponse (postée sur Le Post) :

La nature même de ce débat est aussi désolante que déprimante... Si je suis fier d'être né dans ce pays, c'est bien moins pour la Marseillaise que pour la richesse à nulle autre pareille de notre langue, reconnue et enviée dans le monde entier. L'orthographe, c'est de la musique, c'est une symphonie des lettres. Alors oui, tout le monde a le droit de jouer comme il veut, sans partition et sans solfège, mais franchement, il est assez rare de séduire et de donner naissance au frisson sans une certaine maîtrise de l'art. J'ai 38 ans, j'ai grandi avec des gens de toutes les couleurs, avec le verlan, avec des caille-ra, j'ai fumé de l'herbe pendant les répèt' au Stud, j'ai "niqué sa mère" à l'administration répressive, mais jamais, jamais je n'ai pu manquer de respect à l'orthographe. Peut-être parce que j'avais la chance d'y être bon, ou que je m'étais donné cette chance, en lisant beaucoup, en étant curieux, du mot, de l'esprit. Mr de Closet me fait doucement sourire avec sa déclaration de guerre à l'orthographe. Ca me paraît même un peu prétentieux. Alors parce qu'il a du mal avec l'anacoluthe ou l'anaphore, avec les cuisseaux ou les cuissots, il faudrait écrire comme il l'entend ? Sauf que par là, on n'entend pas très bien François voyez-vous... Je trouve qu'il n'y a rien de pire, de plus inésthétique que cette mode du texto qui impose le "ki sé ka di sa ?" . C'est ridicule, enfantin, moche, et surtout paresseux. Et je crois que c'est un peu le mal de ce nouveau siècle. Se foutre de la gueule de la langue de La Fontaine ou Molière, c'est le fruit d'une fantastique paresse intellectuelle, cultivée par l'immédiateté du Net, et le besoin toujours plus fort de gagner des secondes en tuant le lyrisme, sacrifié sur l'autel du portable (oui, Kevin, mets "hôtel' si tu veux... On s'en fout, tu ne comprendras pas plus l'expression...).


Alors, cher François, chers tous, prenez le temps de tourner sept fois votre langue avant de l'écrire, ça vaut le coup. Vrément.


Franck Pelé

3 commentaires:

  1. Belle déclaration d'amour à notre langue maternelle qui risque malheureusement d'en prendre le niveau.
    Je suis d'accord aussi bien sur le fond que sur la forme, un des maux les plus pernicieux de notre temps est cette volonté de vouloir tout niveler par le bas, afin que chacun puisse se sentir maître de tout, ou tout du moins de quelque chose.

    La médiocrité a trouvée ici, me semble-t-il, son porte-étendard en la personne de M. de (W-) Closet.
    Et oui, pourquoi faire compliquer quand on peut faire simple. Si simple.

    "Oublions le papier, servons-nous de nos doigts"... Pourrait-être la devise de ce parangon de l’évolution orthographique.

    Mais prenons le chemin de la source; quand on voit comment on apprend à lire aux enfants aujourd'hui, ça fait peur... Petit exemple; ils ont des pages de lecture à faire en devoir (CE1), « lire de la page 23 à 26 » et si tu demandes à l'enfant pourquoi, il ne va pas plus loin ? Est-ce parce que l'histoire ne lui plait pas ou autre ? Non, il te répond qu’il ne faut pas aller au-delà de la page 26 pour jeudi « dixit la maîtresse », sinon tu prends de l'avance sur les autres et le programme et que "ça se fait pas"…
    Vous imaginez à votre époque : "est-ce que le club des 5 va réussir à sortir du passage secret et échapper au terrible danger".
    Zut! Page 26!... Eh bien ! Rendez-vous jeudi prochain pour 3 nouvelles pages (on est dimanche)et peut-être savoir, enfin si d'ici-là on a pas oublié qui est le club des 5 et ce qu'il fout dans ce passage...

    Bref, super ! On a réussie à dématérialiser le livre de sa fonction première, la distraction et plaisir pour lui donner un rôle de vulgaire manuel. Jean-Paul Brighelli et sa « fabrique du crétin » me saute au visage.


    Un bouquin ça se dévore, ça se lit sous la couette à la lampe de poche après l'extinction des feux, ça s'apprécie ou ça se jette façon Jean-Edern's club. Et pas 3 pages par semaine en donnant à l'affaire la forme d'un devoir, afin de brider les curiosités...

    Comment voulez-vous qu'un enfant fasse ensuite le distinguo. A mon humble avis, c'est n'importe quoi.

    J’attends aussi de voir si un autre "éclairé" osera un jour nous proposer une simplification des mathématiques. Et oui quoi ! Pas besoins de théorèmes fumants pour aller acheter et compter la monnaie du pain, surtout si on a l'appoint !

    Pourquoi s’emmerder avec tant de chiffres et formules ?

    Faudra-t-il d’ici une vingtaine d’années, avoir un doctorat en lettres pour pouvoir oser aborder Molière, Corneille ou Racine en V.O. non- remasterisés sauce Closet ? Et que dire d’Horace ou Aristote… Même si je ne renie pas Frédéric Dard.

    Misère.

    Pierre TREGUIER

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  2. Je trouve cela pathétique, pauvre François ! Mais personnellement, la réforme n'étant pas entérinée, ni même discutée sérieusement ... la polémique fera bien mes affaires !!! plus on en parlera mieux ce sera. Tant qu'il y aura des ânes .... ça vous parle ?

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  3. je partage ton point de vue.

    Pour travailler dans une faculté de droit, je confirme que le niveau des étudiants est... arrgghhh au secours !

    Parfois je dois lire leurs copies à voix haute pour arriver à comprendre ce qu'ils ont voulu écrire, c'est dire...

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