vendredi 16 janvier 2009

La racine de ma plume



Michel Pelé. Mon grand-père paternel. Mon pilier, comme l'était mon autre grand-père. Ma racine. Si j'ai la chance aujourd'hui de pouvoir tremper ma plume dans un puits de richesse sans fond et de la faire glisser pour ciseler chacune de mes pensées, c'est certainement grâce à mon grand-père. Il était sans aucun doute le gardien de ce puits. Si j'y plongeais, et si vous veniez avec moi, nous y trouverions tout ce qui fait le sel, le sucre, le miel, les mille parfums de la vie. Et vous retrouveriez immédiatement les scènes vivantes de votre enfance, celles qui font aujourd'hui les empreintes décorant votre temple, les pierres angulaires de votre philosophie, ce que vous voudrez transmettre, jusqu'au bout. Disparu en mars dernier, le vide qu'il a laissé est évidemment immense. Mais, et c'est sans doute à cela qu'on voit les grands hommes, son empreinte à lui demeure profondément vivante. Cultivée par les siens, au premier rang desquels je ne cesserai de trôner, de souffler sur les braises de sa flamme. En épluchant les souvenirs matériels, avec ma grand-mère, ces derniers mois, je suis tombé sur des écrits incroyables. Extraordinaire témoignage d'une époque aussi colorée que sombre. Mon grand-père avait tenu un journal, dont les feuilles retrouvées commencent en 1937 et s'achèvent juste après la guerre, en 1945. Sur l'une d'elles (photo ci-dessous) on peut lire ceci : "...le 1er juillet (1944) chez Nicole (...) je connus Janine Béqué (ma grand-mère) plus intimement. A partir de ce moment, nous dansions très souvent le swing dans notre petit club. Janine m'a fait beaucoup souffrir par son caractère, mais plus cela ira, plus nous nous aimerons."






J'adore !!! En plus de cette petite hypocondrie amoureuse dont j'ai un peu hérité (et pas qu'amoureuse... bon, d'accord, et pas qu'un peu...), je sens presque souffler le vent frais de cette époque aux valeurs autrement plus authentiques, sur mon visage soucieux du siècle qui s'annonce... On sent déjà tout l'amour de ce couple fabuleux qui aura tutoyé les 60 ans de mariage (Papy Michel et Mamie Jeannine se sont mariés en 1949. Dans son journal, Papy écrivait Janine, mais ma grand-mère vient de me confirmer que c'était bien Jeannine, oui, il est des détails importants !).







Je souhaite à tous les petits-enfants du monde, à tous les petits hommes, un grand-père, un grand homme, comme l'a été mon guide, mon pilier, ma racine.







Franck

3 commentaires:

  1. Magnifique...Merci d'avoir si bien exprimé l'amour et la générosité que Papy cultivait, ...et le vide qu'il a laissé après son départ.

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  2. encore une fois tu as trouvé les mots.. il me manque enormément..les photos sont aussi excellentes

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  3. Cela fait chaud au coeur de te lire, la famille est un bien si précieux qu'il faut le proteger, le cajoler, souffler sur les braises....pour ensuite le transmettre aux enfants. Merci franck. Il est bien vai que ton grand-père était un homme "droit" et généreux. Bises

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