vendredi 27 février 2009

Se refaire une virginité sur la Toile, c'est possible

Pour aider les internautes à effacer toutes les traces qu'ils laissent sur le Net, des sociétés proposent des services sur mesure susceptibles de blanchir les réputations parfois les plus sulfureuses, écrit L'Espresso.

S'il n'est pas facile de réussir à rétablir sa réputation après que des ragots ont circulé sur son compte au bureau ou parmi ses amis, il est encore plus compliqué de faire passer aux oubliettes une tache qui circule sur la Toile en dehors de tout contrôle ou une information trop personnelle qui peut tomber sous les yeux de n'importe qui.


L'idéal serait de parvenir à "nettoyer" son image virtuelle. Pour cela, il faut faire appel à des techniciens qui dissimuleront ou cacheront les défauts et les malveillances qui l'auraient entachée. Daniel, un ancien étudiant d'une université britannique immortalisé dans un clip porno qu'il avait tourné avec des amis au cours d'une fête, n'est pas parvenu à trouver de travail pendant trois ans malgré des notes et des références excellentes. "Chaque fois que j'envoyais mon CV à une entreprise, raconte-t-il, je savais qu'il suffirait de taper mon nom et mon prénom sur Google pour que cette vidéo gênante s'étale sous les yeux du recruteur. La réponse, logique, était toujours la même : nous sommes désolés, mais vous n'êtes pas la personne qui convient pour ce type de poste." D'ailleurs, les employeurs sont de plus en plus nombreux à faire un petit tour sur Google avant de donner leur accord à une embauche. Aux Etats-Unis, pratiquement 70 % des personnes à la recherche d'un emploi postulent par Internet, et plus de la moitié d'entre elles ne sont pas choisies pour cause de mauvaise réputation virtuelle.


Il n'est donc pas étonnant que l'on assiste un peu partout dans le monde à l'essor de sociétés qui proposent de "nettoyer" le profil de l'internaute. Elles portent des noms tels que Reputation Defender, ClaimID ou Trust Plus. Elles font partie des quelques services en ligne qui, en ces temps de crise, voient leurs profits augmenter en flèche. Le leader incontesté de ce marché émergent est sans aucun doute la société californienne Reputation Defender. Fondée il y a deux ans par le trentenaire Michael Fertik, elle a été qualifiée de "Google insurance", une assurance contre la diffusion de nos données à nos dépens sur le moteur de recherche le plus célèbre du monde. Michael Fertik, un ancien étudiant de Harvard, a eu l'idée de créer un service de blanchiment de l'image virtuelle en surfant sur la vague d'un vide juridique en matière de diffamation et de violation de la vie privée sur Internet. Cette intuition a permis à sa société de devenir en deux ans une véritable poule aux œufs d'or. Reputation Defender présente aujourd'hui un chiffre d'affaires d'environ 22 millions de dollars [17,4 millions d'euros]. A la fin de 2007, elle avait engrangé, selon le magazine Forbes, 5,5 millions de dollars de bénéfices.


La société californienne offre aux internautes le choix entre un vaste assortiment de solutions à des prix différents : de l'option à 14,95 dollars par mois, qui identifie et élimine toutes les informations embarrassantes concernant l'utilisateur, à celle à 9,95 dollars par mois, qui lui offre la possibilité d'effacer toutes les données personnelles diffusées par des banques de données ou des sites sur lesquels il s'est précédemment inscrit, par exemple des réseaux sociaux tels que Facebook ou MySpace, mais aussi les informations fournies lors d'achats en ligne avec sa carte de crédit.


Il existe également des solutions qui permettent aux parents de protéger la réputation virtuelle de leurs enfants, en effaçant les traces qu'ils ont laissées derrière eux, et d'autres qui permettent de se construire sur mesure une réputation toute neuve. Les utilisateurs ont ainsi la possibilité de manipuler leurs données sur Internet pour donner d'eux-mêmes la meilleure image possible.


Concrètement, Reputation Defender permet à l'utilisateur de gérer les résultats d'un moteur de recherche à partir du moment où son nom et son prénom sont tapés en mots clés. Les techniciens californiens utilisent les données fournies par les clients pour leur concocter un habillage graphique qui les rendra plus attractives. Après accord de l'utilisateur, ils les insèrent dans les moteurs de recherche de manière à ce que celui qui cherche des informations sur ces personnes reçoive les résultats qui ont été précédemment choisis et embellis.


"La plupart de nos clients, raconte Michael Fertik, n'ont en réalité aucun problème particulier. Ce qu'ils veulent, c'est avoir en main le contrôle de leur réputation sur des moteurs de recherche comme Google.


Ils sont donc bien conscients de l'importance d'avoir un bon CV virtuel.

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