lundi 2 février 2009

Crise de riche

Les bras m'en tombent - Episode 7 - Par Denis Parent


"Je me demandais ce matin à quoi servent les riches.

Je ne suis ni membre du PC, ni porté sur le vert et quitte à choisir un facteur je préfère Cheval à Besancenot. Je n’émarge pas à la CGT et la litanie du pauvre m’a toujours ennuyé. Les slogans, les foules écumantes, la révolution prolétarienne j’ai déjà donné quand j’étais petit et d’une manière générale je trouve qu’il y a quelque chose de gauche à être de gauche. Quand à la droite ce n’est pas un parti politique, pas une vision du monde, pas un projet c’est un cabinet comptable, des notaires, et des gens tellement ennuyeux qu’on arrive jamais à retenir leurs noms.

Globalement j’aime la république, liberté, égalité, fraternité, laïcité. Mon analyse politique est sommaire j’en conviens. Mais franchement depuis cinquante que je les écoute, les vois ou les élis je les trouve sommaire aussi, les orateurs, les responsables, les porte-parole, les avaleurs d’idées, et les mangeurs de sabres. On se moque des sportifs mais les cravatés ne brillent pas non plus par l’audace ou la qualité de leurs propos. Le problème n’est plus là, il est au-dessus. Au-dessus de tout ça, et même au-dessus de Dieu il y a les riches. Je ne dis pas les capitaines d’industrie, les décideurs, les capitalistes, les nababs, ou les bourgeois, je dis les riches. Ceux tels oncle Picsou qui ont un tas d’or au sommet duquel ils trônent et puis c’est tout. Ceux qui, quand ils baillent, deux millions leur sont tombés.

A quoi ça sert les riches ? A être riches. Riche c’est une fin en soi. Pour moi c’est un mystère. Quand tu as un avion, trois bateaux, vingt maisons, cent bagnoles, des chiens, des enfants, des hommes, des chevaux, des femmes, tu fais quoi le matin au réveil ? Riche. Tu vas devant ta glace et tu te dis je suis riche. Bonjour riche, tu me passes le dentifrice, merci riche. Je ne reproche pas au riche d’être riche. Ce qui me tue c’est que ces gens là veulent être plus riche que riche. Or à un moment l’argent n’a plus de valeur. Quelle différence entre avoir vingt mille euros de revenus mensuels ou d’en avoir cent mille ? On va se re-payer une maison, un bateau, une ferrari, un pain poilâne, un week end à Gstaad en plus ? Zut on aura pas le temps avec tout ce qu’on a déjà à dépenser…Mais quand tu en as 1037 nets (le smic) et qu’on t’en rallonge cent, merci patron, alors là oui ça a du sens. Ces cent là pèsent une tonne. Et c’est bien ce qui nous arrive dans notre monde étrange : une crise de riche. Le riche n’a plus le temps de devenir encore plus riche. Il voudrait être riche-riche ou riche puissance riche, mais il est tout seul. Il faudrait qu’il ait le pouvoir d’être deux fois lui, dix fois lui, mille fois lui pour que tous ces lui, aient le temps d’aller tous à Gstaad, conduisent des ferrari par centaine, et achètent toutes les boulangeries poilanes de l’univers. Le problème du riche c’est d’être un homme (ou une femme). C’est pas tenable. C’est seul un riche. Vous lui dites monsieur ou madame riche votre petite crise d’urticaire là, les subprimes, la diarrhée financière, ça a couté quelque chose comme 1000 milliards de dollars (estimation du FMI qui n’est pas trotskyste). Pchiitt ! envolé. On n'y comprend rien nous les humains. Déjà on comprend pas que l’état français ait 221 milliards d’euro dans sa cassette en début d’année.

Essayons quand même un peu de comprendre. Ce qui est parti là dans les atmosphères moites des bourses c’est quatre à cinq années de la vie d’un pays comme la France. Grosso modo on est au cinquième rang mondial au PIB. Prenons le kirghizistan qui est au 150 ème rang et produit 1000 fois moins. Ce qui s’est envolé dans les cieux là, en pognon, c’est plusieurs siècles de leur vie. Alors monsieur riche, madame riche, je suis pas un partageux, je crois à l’émulation, à la valeur, au talent, au progrès (je sais c’est un peu vieux jeu), à la solidarité, mais va falloir que tu agisses. Parce que les Kirghizes sont des gens avec des mains, des têtes, des ventres, des rêves. Vas-y ! Achètes toi un beau pays d’Asie centrale, fais en un oasis, deviens roi si tu veux. Tu sais quoi ? On sait pas si on t’aimera, mais là tu serviras à quelque chose."

Les bras m'en tombent - episode 7 - par Denis Parent

Visible sur la page http://www.facebook.com/home.php?#/profile.php?id=778799570 de Denis Parent, journaliste, écrivain, réalisateur.

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